Ceux qui ne les connaissaient pas encore ont découvert les cabinets de conseil et surtout le nom de McKinsey dans le cadre d’affaires retentissantes : en France, suite à des missions pour l’Etat extrêmement coûteuses, et aux Etats-Unis, dans un scandale où le cabinet a été accusé d’avoir donné des conseils marketing à des laboratoires fabricants d’opioïdes addictifs. McKinsey, au cœur de l’actualité, est-il toujours aussi attractif pour les talents issus des grandes écoles ?
L’attractivité indiscutable de McKinsey
Selon le Financial Times, McKinsey a reçu 1 million de candidatures l’année dernière pour 10 000 postes offerts, soit un taux de sélection drastique de 1%. A titre de comparaison, une entreprise comme Google en reçoit chaque année 3 millions. C’est dire la puissance d’attraction dans le monde de ce cabinet de conseil, malgré les polémiques.
McKinsey est considéré par les étudiants comme une « super business school », à l’instar des cabinets d’audit, à même de les préparer à la plupart des postes de direction ou à la création de leur propre startup. Les missions confiées aux collaborateurs leur permettraient en effet d’acquérir des compétences stratégiques et opérationnelles indispensables à la gestion et la transformation d’un « business ». Ces « skills » sont particulièrement recherchées dans un environnement en changement permanent. Pour cette raison, les candidats juniors ou seniors sont prêts à tous les sacrifices pour vivre l’expérience McKinsey. Un consultant chez McKinsey travaille en moyenne 12 à 16 heures par jour. Le rythme est particulièrement intense pour répondre aux demandes de clients comme les banques d’affaires dont les « deadlines » sont de plus en plus courtes. La diversité et l’exigence des missions accélèrent la courbe d’apprentissage de ces collaborateurs très disputés.
Des hausses de salaire conséquentes pour les profils seniors
La star des cabinets de conseil n’hésite pas à augmenter ses salaires pour maintenir son attractivité, en particulier en direction des profils seniors particulièrement recherchés. La firme américaine aurait recruté 30% d’expérimentés parmi ses nouveaux collaborateurs en 2021 ; cette tendance se confirmerait en 2022. Selon Jaidir Brad, Senior Partner chez McKinsey, cité par The Economics Times, les expérimentés ont une expertise sectorielle, une bonne compréhension des besoins des clients, un réseau dans l’écosystème et une capacité à anticiper les tendances, indispensables à la bonne réalisation des missions du cabinet de conseil.
Les salaires proposés par McKinsey ont ainsi connu une hausse significative ces derniers temps pour recruter les meilleurs profils. Les diplômés de MBA se sont vus proposer aux Etats-Unis des salaires annuels selon le Financial Times de près de 192 k$ (primes incluses) contre 175 k$ l’année dernière. Les meilleurs peuvent espérer par la suite une rémunération annuelle de 250 k$. Il faut revenir plus de 20 ans en arrière pour constater de telles hausses des salaires. Attention néanmoins, ces salaires ne concernent que l’Amérique du Nord.
Pourquoi les augmentations de salaires sont-elles si élevées ?
Tout n’est pas si rose au royaume des consultants. Pas plus chez Mckinsey que chez ses concurrents. S’ils augmentent autant les salaires, c’est avant tout pour embaucher les meilleurs consultants sur le marché et les fidéliser. Comme toutes les entreprises, McKinsey fait face à une pénurie de profils dont les exigences ne concernent plus seulement les rémunérations.
Ainsi, des étudiants de grandes écoles à la voie a priori toute tracée, préfèrent parfois faire d’autres choix : rejoindre une boutique de capital-risque, monter leur entreprise ou postuler auprès d’autres cabinets de conseil moins prestigieux mais plus en accord avec leurs principes. Pour rester dans la course à l’attractivité, McKinsey essaie de répondre aux attentes des nouvelles générations sur l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle ou la parentalité, parmi d’autres exemples. Il faut dire que sur Glassdoor, les commentaires négatifs concernent principalement les horaires à rallonge et l’absence d’attention portée à la vie personnelle.
Les autres cabinets de Conseil et d’Audit ont également opéré des changements pour rester attractifs. Il serait en effet délicat pour des cabinets de conseil, dont la compétence est souvent de savoir prendre le pouls de la société, de passer à côté d’une telle évolution. Si McKinsey ne semble pas souffrir des récentes polémiques, il doit, comme ses concurrents, évoluer pour séduire et fidéliser.